Albert Grinholtz
Le 14 mai 1941, il reçoit, avec son frère,
un billet vert pour une vérification d'identité à
Montreuil sous Bois. Leurs parents leur ont apporté des vêtements.
Il a 16 ans.
Interné, en 1941, dans un camp français
Il est amené à la gare d'Austerlitz, puis au camp de
Pithiviers, camp prévu pour des prisonniers de guerre allemands.
Ils entrent dans le camp pour 13 mois et 2 jours. Des gendarmes sont
venus vérifier leur identité. Il n'y avait rien, des planches
puis des tables. Ils sont 2600, sans eau, ni électricité,
gardés par des gendarmes. On leur sert un café de glands.
Le lendemain, un colonel prend la direction du camp.
L'usine de pain d'épice "Gringoire" a demandé des volontaires.
On pouvait faire venir ses parents une fois par semaine. Ils pensaient
partir pour les mines de fer ou les mines de sel.
Un matin, sur ordre du capitaine de gendarmerie, il faut coudre
des étoiles.
Déporté (1942)
Le 24 juin, rassemblement au camp. Ils vont à la gare. Il y
a là un convoi de wagons de marchandises, avec une guitoune, plein
de SS. Dans le wagon, 2 seaux avec 72 hommes. Le convoi comprend 1300 hommes.
Sarreguemines.
Le 25 juin 1942. Le convoi s'arrête à Wuppertal,
avec, en face, un train de voyageurs. "Bitte, Wasser" dit-il à une
femme qui est dans un train, en face, avec sa petite fille. "Krapier" entend-t-il
? "Crève".
Arrivée au camp
28 juin 1942. Arrivée en gare d'Auschwitz.
En rang par cinq. Direction Birkenau à 3,2 km
Le camp a été construit par les Russes. 10 000 hommes
sont morts pour bâtir ce camp.
Des baraquements. Des écuries allemandes. Pas d'eau, de
sanitaires. Une chaleur torride. Il n'a ni mangé, ni bu. A droite
du camp, les baraques des femmes, à l'époque.
Un robinet. "Tu bois une goutte, tu risques la mort !"
Il y avait une baignoire avec un produit, on rentrait, on sortait,
il est rasé de partout. Ils avaient peur des poux. Il est tatoué
avec un porte- plume avec une aiguille horizontale et à équerre.
Il est tout nu.
Le soir, ils ont eu de la tisane "erbaten" dans une cuvette en émail.
Des coups pleuvent et il se retrouve dans la coya, une couchette à
trois étages, avec une paillasse, une couverture.
Réveillé à 5 heures du matin, ils vont au
travail à coups de Schlague.
Le Kapo faisait amener des pelles, des pioches, des battes, en
rang par cinq, pour le Kommando de terrasse. Il y avait du travail de maintenance,
à quatre ou cinq kilomètres du camp. Au retour, ils ramassaient
les morts.
L'appel, la soupe.
La soupe était apportée dans des tonneaux de bois, avec
de l'eau.
De fin juin au 10 octobre, à Birkenau, il a été
coiffeur.
A Auschwitz, il a été propulsé auprès du
Kapo "coiffeur". Celui-ci avait tué 11 femmes à Hambourg
et avait été condamné 10 fois.
Dans un block, ils sont de 450 à 500, rasés des pieds
à la tête une fois par semaine.
La fin
Le 18 janvier 1945 au soir, arrive l'ordre de rassemblement. Ils vont
être jetés sur la route de Gleiwitz pour l'évacuation
du camp.
Que faire ?
Il se cache derrière les cuisines, dans le charbon, avec un
tonneau et deux planches en bois.
Le camp se vide.
C'est une nuit de neige, le silence est étouffant, rien, le
vide.
Au Revier, il y a la diphtérie, la dysenterie.
Il passe trois jours sans eau, sans lumière, sans rien.
Libéré (1945)
Le 27 janvier, les Russes sont arrivés. Le camp a été
libéré.
6 000 malades étaient restés. Il n'y avait aucun approvisionnement.
Le corps sanitaire, avec un major ont soigné ceux qui étaient
soignables.
Le 2 février, il s'en va avec deux copains. Il met 5 mois à
revenir en France, par la Yougoslavie et Marseille.
Lorsqu’il arrive chez lui, la maison est occupée. Il lui faudra
encore lutter pour la récupérer.
Il fallait avoir une volonté en soi pour survivre.
texte et photo : Nicole Mullier -
http://lyc-edgar-quinet.scola.ac-paris.fr/mem_hist.htm
Olivier Lalieu, La Déportation fragmentée
les anciens déportés parlent de politique
1945-1980, p 66 et 93
http://www.bhistoire.com/f01.htm
mise en ligne DL 07/2003 |