La Révolution française : historiographie récente et approches nouvelles
Pascal Dupuy
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Résumé de communication - Au 19e siècle, le regard des historiens sur la Révolution française était divers et contrasté. Tous cependant poursuivaient un objectif commun : fixer dans un récit la mémoire d'un épisode historique dont ils mesuraient l'immense portée symbolique mais aussi les conséquences vécues dans l'actualité politique et sociale de la France du temps. Au 20e siècle, de nombreuses mutations sont venues bouleverser à la fois le regard des historiens mais également le contenu de leur recherche. On note ainsi une réelle internationalisation de la recherche et cette inflexion s'est accélérée tout au long du siècle. Deuxièmement, le domaine d'observation du phénomène révolutionnaire s'est décentralisé sous l'impulsion des nombreux centres de recherches dans le sillon des nouvelles universités créées après 1960. De nombreuses études hors de France ont également apprécié le bouleversement révolutionnaire à l'aune de leur propre histoire, notamment dans les pays qui furent entraînés dans le sillage de l'aventure révolutionnaire, puis impériale, française de 1792 à 1815. Trois domaines
de recherche dans le champ des études relatives à la
Révolution française restent, nous semble-t-il, toujours
féconds :
Ces chantiers
sont larges et abondants. Deux colloques récents les ont recensés
[le premier sous la direction de Martine Lapied et Christine Peyrard (actes
parus en 2003) et le second sous la direction de Jean-Clément Martin
(actes à paraître)]. Leur lecture permet d'obtenir une vision
assez exhaustive des courants de la recherche relative à la Révolution
française depuis une vingtaine d'années..
20 ans c'est aussi le nombre d'années qui sépare les programmes de l'Agrégation d'histoire et du CAPES d'histoire et de géographie aux intitulés assez semblables : 1984 : L'Europe à la fin du 18e siècle : vers 1780-1802 (à l'exclusion des pays scandinaves, de la Russie et de l'Empire Ottoman et 2004 : Révoltes et révolutions en Europe (Russie comprise) et aux Amériques de 1773 à 1802. Pourtant la lecture des deux bibliographies parues dans Historiens et Géographes (1984 et 2004) et les axes implicitement induits dans le contenu des deux questions "cousines" marquent des inflexions notables. Ainsi à la différence de la question de 1984, celle de 2004 révèle la volonté de ses concepteurs d'insérer la Révolution française dans un espace chronologique et international large. En outre, ce sont les troubles populaires, les émeutes et les processus de rébellion qui sont appelés à être étudiés dans un cadre rigoureusement comparatiste. Les divers et nombreux manuels (plus d'une dizaine…) qui ont digéré la question traduisent les transformations des chantiers de la recherche autour des phénomènes révolutionnaires et émeutiers en France et à l'étranger qui ont été opérés depuis une vingtaine d'années. Ainsi d'un
point de vue politique, on observe à la suite de Françoise
Brunel (in Martine Lapied et Christine Peyrard, op. cit.) le
retour de la biographie, parcours d'individus ou de groupes.
L'historiographie récente relative à la Révolution française a bénéficié de la commémoration du bicentenaire qui a impulsé de nombreuses et nouvelles recherches dont les conclusions et les aboutissements sont à présent connus. La période actuelle est une étape dans ce renouvellement historiographique dont nous connaîtrons les effets et les résultats dans autre une vingtaine d'années, sinon moins. Peut-être à la lumière d'une nouvelle et stimulante question de concours ? mise en ligne DL 01/04/2005 |