CHRONIQUE INTERNET

HISTORIENS & GEOGRAPHES No 366
 
 

Par Daniel LETOUZEY * (*APHG CAEN, Lycée Marie Curie Vire)





Cet article sur Internet et ses usages dans l'enseignement de l'Histoire, de la Géographie, de l'Education civique s'appuie en partie, comme les textes précédents, sur le travail des 850 abonnés de la liste Clio/H-Francais, et sur celui de François Jarraud pour la revue électronique Epinet. La chronique accueille vos témoignages, vos découvertes, vos suggestions, vos critiques à l'adresse électronique letouzey@clionautes.org

Une version électronique, actualisée, et donnant dans la mesure du possible un accès direct aux adresses citées, est disponible à http://www.multimania.com/aphgcaen/ . Le site de la Régionale de Caen de l’APHG héberge aussi les chroniques précédentes, le contenu des travaux de la commission pédagogique nationale Lycée, informe des activités de la Régionale, des textes élaborés par le Cercle d'étude de la Shoah et de la déportation. Enfin, ce site annonce les activités de la Régionale, publie une transcription des conférences, ainsi que des documents pédagogiques en liaison avec les nouveaux programmes.

(Mon "bookmark" ordinaire est à votre disposition
Une version courte, destinée à une formation à Orléans aussi )
 

SECTIONS EUROPENNES, ALLEMAND

Notre collègue Alexandre Pajon, Attaché linguistique au Service culturel de l'Ambassade de France, plus particulièrement chargé de la coordination du travail des sections bilingues allemandes et françaises, propose un nouveau site destiné aux collègues des sections européennes : son adresse est http://www.biling.de

Il souhaite faire de la page des "Sections bilingues/Bilinguale Züge" une plate-forme autour de laquelle devrait se développer la coopération scolaire institutionnelle entre la France et l’Allemagne. Cette coopération se décompose en quatre facettes : les échanges entre les établissements, le fonctionnement en réseau, la formation spécifique des enseignants et l'élaboration de matériels pédagogiques adaptés (notamment pour les Disciplines Non Linguistiques, dont l'histoire et la géographie).

Son idée est de fournir :

- aux parents et aux administratifs une vision d’ensemble de l’offre existant dans les deux pays et l’état du chantier, les débats et les projets (aspects politiques),

- aux élèves, un outil pour participer aux échanges au sein d’un réseau en plein essor (travail sur projets communs avant rencontres, etc.),

- aux enseignants de la matière première pour leurs cours, sachant que le fait d’enseigner dans des sections bilingues impose de sortir des sentiers battus et balisés par les manuels et par la formation des maîtres ("Cahiers de Littérature française" et à terme accès via la page "CDI" à des bases de données ou des sites d’histoire, de géographie, de sciences sociales pour les deux partenaires, avec des bibliographies),

Pratiquement cela signifie qu’il alimentera en informations :

- une rubrique sur l’actualité,

- une typologie des établissements scolaires qui pratiquent l’enseignement intensif de la langue du partenaire,

- des cartes avec un effet- zoom permettant de passer du pays à la région et à la ville hébergeant l’établissement concerné (avec idéalement son Mel et son site),

- une description du réseau de Baden-Baden, ( textes fondateurs, actualités et projet ),

- un dossier où seront réunis des articles et contributions sur les sections bilingues,

- les "Cahiers de Littérature Françaises" consacrés à la littérature française depuis 1980 (élaborés avec un groupe de professeurs de français du Land de Rhénanie du Nord - Westphalie ),

- par la suite, un forum est envisagé pour mettre en relation les établissements.

Deux projets complémentaires sont en chantier et devraient être mis en ligne à l'automne 1999 :

- "CDI" (avec les CDI allemands)

- Les documents d'histoire – géographie - sciences sociales/politiques (un groupe de travail est en cours de constitution), son nom définitif n'est pas fixé,

Ce projet accompagne une série de séminaires :

- une rencontre des sections bilingues réunira environ soixante-dix enseignants des deux pays du 3 au 5 mars prochains à Bad-Honnef (près de Bonn) sur le thème NTI et enseignements dans les sections bilingues,

- à l'occasion d'un congrès scientifique sur le Traité de Versailles du 30 juin au 2 juillet, il paraît possible de mettre en place une première rencontre sur le thème de la production de documents pour DNL des sections bilingues français – allemand.

- un stage de formation pour les CDI allemands sur le même thème aura lieu en novembre prochain à Boppard près de Mayence, du 17 au 19 novembre 1999.

Pour la DNL en anglais, les adresses électroniques proposées par la librairie Blackwell constituent un bon point de départ en histoire. http://www.blackwellpublishers.co.uk/history/#Association .
 
 

ARCHEOLOGIE ET INTERNET

Pour la revue " Les nouvelles de l’archéologie ", Bernard Clist dresse un inventaire des ressources archéologiques sur le Web http://home.worldnet.fr/clist/Textes/guides.html

D'après lui, en juillet, le moteur Altavista repérait 1708 sites (1120 le 25 mars) à partir des mots " archeology ", " bronze age " et " europe " (chiffres voisins pour Hotbot et pour Northernlight). Les mêmes expressions en français ne renvoyaient qu’à 85 sites sur Altavista, dont le site francophone semble avoir été fermé.

Il suggère donc de préférer des guides spécialisés : ainsi, Archdata est un des principaux guides francophones. Les sites retenus par Archdata concernent la Suisse (Lausanne), la Belgique (Liège, Louvain), le Luxembourg et le Québec. Ce guide offre un agenda régulièrement mis à jour, annonçant par exemple l’exposition " Potiers, tuiliers, briquetiers d’Eure et Loir, de l’époque romaine à la révolution industrielle ", qui se tient à la Maison de l’Archéologie, à Chartres jusqu’au 31 mai 1999 - http://www.univ-tlse2.fr/utah/archagenda/

Bernard Clist a repris la gestion du travail colossal d’Allen Lutins : " Anthropology resources on the Internet ", http://www.nitehawk.com/alleycat/anth-faq.html . En allemand, il conseille Archäologie in Internet  http://www.ufg.uni-freiburg.de/d/link/index.html
 
 

L'archéologie est au cœur de l'excellent article de vulgarisation de Nassera Zaïd (Maison René Ginouvès, Nanterre) : " La publication archéologique sur Internet " (Archeologia, janvier 1999, p 20-29). Le texte envisage deux utilisations majeures du réseau par les archéologues :

- La publication électronique de données issues des chantiers de fouille,

- Le transfert en numérique de synthèses publiées ou non sur papier. Selon l'auteur, les riches potentialités du réseau et du multimédia ne sont exploitées que timidement par les chercheurs qui redoutent le piratage de leur base ou de leurs travaux.

L'article consacre une place importante à la politique des éditeurs de revues face à ce nouveau support. De nombreuses revues issues du papier se servent d’Internet pour élargir leur audience internationale. Une quarantaine d'entre elles diffusent leurs sommaires plus ou moins détaillés ; quelques articles sont parfois accessibles en ligne, et les sites web renvoient aux institutions qui éditent la revue. : ex The Classical Review d’Oxford http://www.oup.co.uk/clrevj/, ou l’American Journal of Archeology http://classics.lsa.umich.edu/AJA.html

L'auteur cite cinq revues complètement électroniques : ainsi Internet Archeology , issue d’un groupe d’organisations et d’universités britanniques montre la voie d’une publication pluridisciplinaire http://intarch.ac.uk/index.html .

Dans la très riche liste d’adresses électroniques accompagnant l'article, deux entrées majeures se dégagent :

- archNET , le guide de l’université du Connecticut classe les liens par continent et par thèmes…. Une entrée propose un grand nombre de ressources pour l’enseignement : " Anthropology on the news ", " archeology resources for Education " http://archnet.uconn.edu/

- ARGE, le guide des ressources archéologiques en Europe a été créé en 1995. Il est hébergé aux Pays-Bas http://odur.let.rug.nl/~arge/General/arge_info.html . Son logo s’inspire des gravures rupestres de Valcamonica, en Italie. Il permet une recherche par pays, par période chronologique ou par thèmes.

Deux exemples d’adresses très riches à explorer :

http://rome.classics.lsa.umich.edu/welcome.htmlcomporte un index permettant d'explorer une très riche base sur les études classiques et sur l’archéologie méditerranéenne (en anglais toujours) : articles, revues, bibliographies, rapports de fouille, cours et ressources éducatives, données géographiques (voir les intéressantes cartes de l’empire romain à différentes dates), newsgroups, listes de diffusion, etc...

http://didaskalia.berkeley.edu(Ancient Theater Today) s’intéresse à l’histoire du théâtre antique ( par ex, restauration du théâtre de Dionysos, illustrée par plusieurs plans ), et aux spectacles contemporains mettant en scène pièces de théâtre, danse et musique grecques et romaines.

Certaines adresses proposées semblent avoir déjà modifiées par leurs auteurs. Selon la procédure habituelle, il faut essayer de remonter dans l’arborescence, ou bien interroger les moteurs de recherche sur le titre ou un mot-clé, ou encore attendre l’arrivée prochaine de la revue sur Internet.
 

ROBERT PAXTON ET LE FASCISME RURAL EN FRANCE

H-France, une des listes de diffusion disponibles sur le réseau H-Net (http://www.h-net.msu.edu/~france a organisé, autour du dernier ouvrage de Robert Paxton, "Le temps des chemises vertes, révoltes paysannes et fascisme rural, 1929-1939", un échange très intéressant (11-15 février 1999). William Irvine, Kathryn Amdur, Sam Goodfellow, Steven Zdatny ont analysé et commenté les apports de l'ouvrage, et engagé un débat sur la spécificité de la France face au fascisme rural.

Dans la réponse à ces contributions, Robert Paxton explique pourquoi il s'est intéressé à Dorgères, "The Dog That Did Not Bark" : dans une entreprise de "micro-histoire", c'est un révélateur des réactions de la société rurale, et en particulier des élites, face à la tentation fasciste. Dans son texte, il souligne les impacts de la triple crise de la paysannerie dans les années 1930 : crise économique, crise culturelle et crise politique. Mais il affirme aussi la solidité politique de la IIIème République qui n'a été abattue que par la défaite militaire. Ainsi, il conteste "l'idée de décadence et le défaitisme" mis en avant par la propagande de Vichy

Robert Paxton propose d'étudier le fascisme "sui generis", dans sa réalité, et non comme une autre idéologie en -isme : "The fascism must be examined in action, and in its setting : the available political space and the elites who aided it". Il suggère un modèle du fascisme évoluant en cinq étapes, chacune exigeant une analyse spécifique. La première étape est une contestation intellectuelle des orthodoxies politiques dominantes. Dans un second temps, les mouvements ou partis fascistes s'enracinent dans le système politique en se présentant comme défenseurs d'intérêts particuliers. La troisième étape, c'est la conquête du pouvoir. La quatrième correspond à l'installation et à l'exercice du pouvoir. La dernière voit leur régime évoluer soit vers un simple autoritarisme, soit se transformer en dérive quasi-démoniaque.

Dans cet échange électronique, plusieurs auteurs regrettent l'absence d'historiens spécialistes de l'Allemagne ou de l'Italie; pays où les origines rurales du fascisme et du nazisme ont été davantage étudiées.

Robert Paxton conclut sur l'accès parfois difficile aux archives : "we are approaching an authentic 30-year rule for France".

Cette démarche intellectuelle n'est pas unique. Le dernier numéro de la revue "Le Débat" propose des lectures croisees du recueil d'articles de Roger Chartier "Au bord de la falaise : L'histoire entre certitudes et inquiétudes. Les contributions de Marcel Gauchet, d'Antoine Prost, de Jacques Revel nourrissent cet échange, avec une réponse de Roger Chartier.

L'intérêt de la version électronique tient donc d'abord au contenu de l'échange intellectuel, mais aussi à sa diffusion internationale importante pour un livre publié simultanément en français et en anglais. Dans ce type de débats, une liste de diffusion peut participer à l'organisation et à l'animation d'une communauté intellectuelle coordonnée par une équipe d'éditeurs - modérateurs .
 

UNIVERSITES ET INTERNET :
DE LA DIFFICULTE DE REPERER DES RESSOURCES PEDAGOGIQUES EN FRANCAIS

L’exploration du Web en vue de cette chronique suggère une conclusion inquiétante : la recherche sur de nombreux sujets conduit à des impasses sur le réseau francophone des universités. Erasme et les humanistes ont droit à de courtes synthèses sur le site de la Bibliothèque Nationale de France, ou alimentent un cours de philosophie à Montréal http://www.philo.uqam.ca/cours/Phi2080/1500.html

Par contre, en anglais, les mêmes interrogations renvoient à une multitude de sites universitaires américains : plusieurs textes d’Erasme sont étudiés, un excellent site ancien (1996 !) met en relation art et science, expliquant par exemple à l'aide de schémas les expériences optiques de l'architecte florentin Brunelleschi http://www.crs4.it/Ars/arshtml/arch1.html

Il semble qu'outre - Atlantique les particuliers, enseignants ou étudiants, les départements d'histoire ou de géographie publient plus volontiers le résultat de leurs recherches . Au point que certains documents français ne sont accessibles sur Internet que dans une traduction anglaise !

Quelques bibliothécaires interrogés confirment cette intuition, qui ne semble pas provenir d’une mauvaise indexation des sites. Ainsi, de nombreux sites officiels francophones n'ont pas été mis à jour depuis plus d'un an. Il semblait y avoir davantage de dynamisme chez les auteurs en 1997 ou en 1998.

Cette situation est d'autant plus regrettable que la qualité des contenus sera un élément décisif dans le succès du réseau en France, et de la francophonie dans le monde.
 

Comment expliquer cette impression de surplace ?

La perception du réseau Internet semble d'abord en cause : trop souvent, certaines institutions l’utilisent comme un minitel amélioré, et lui demandent de servir de vitrine graphique à leur organisation. Dans ce cas, les informations se contentent de décrire le fonctionnement administratif, ou de fournir le descriptif sommaire des cours, sans exploiter les potentialités de l’hypertexte. A l'inverse, en Californie, l’université d’Irvine propose un superbe plan interactif de son campus http://www.uci.edu/helpdesk/map

La méfiance des chercheurs a été évoquée aux colloques de Tolède (AHC 98) et de Toulouse (AHI 98) : elle repose sur l’absence fréquente de validation par un comité scientifique et le refus de reconnaissance institutionnelle pour les publications électroniques.

De nombreux programmes européens rapprochant plusieurs niveaux d'enseignement et plusieurs pays auraient dû inverser cette tendance, et déboucher sur la mise en ligne de contenus scientifiques. Mais les concepteurs de ces projets semblent plus intéressés par la démarche intellectuelle et par l’expérimentation que par la publication finale de ressources pédagogiques.

La mise à disposition de ressources pédagogiques se heurte à d'autres difficultés, l’une d’elles étant la recherche fréquente de la perfection. Habitués à la lourdeur et à la lenteur des éditions sur papier, les auteurs, équipes ou particuliers, oublient qu’Internet est un outil exceptionnel de travail coopératif. Le réseau permet de fournir des supports sans cesse modifiables, et avec lui, il est possible d’accompagner le déroulement d’une expérimentation. Cela suppose également que tous les acteurs aient le souci de faire connaître leurs réussites et ne masquent pas leurs échecs. A ce prix seulement, les sites pédagogiques pourront cesser d’être des listes de listes de sites, et pourront offrir des contenus originaux , accessibles aux élèves.

Il est probable que la modestie des contenus résulte d’un attentisme prudent, lié à une interprétation excessive des lois sur la propriété intellectuelle. Dans certains cas, il semble que les ressources proposées aux étudiants ne soient accessibles que sur un réseau local, avec un mot de passe.

Il existe cependant quelques exceptions notables :

- L'excellent réseau documentaire Ménestrel, "médiévistes sur l'Internet, sources, travaux, références en ligne"

http://www.ccr.jussieu.fr/urfist/omedirht.htm , déjà signalé en novembre dernier, propose une grande variété d'entrées : index de fonds d'archives, ressources bibliographiques, robot spécialisé Argos, thèses et mémoires, revues spécialisées, ressources pédagogiques, etc. Cinq thèmes sont développés : l'Allemagne médievale, la diplomatique, l'héraldique, les encyclopédies médiévales, l'Islam médiéval.

Un regret, la seule entrée francophone, "Le Moyen-Age français ", une sélection de Bob Peckham pour l'ambassade de France à Ottawa, renvoie surtout à des ressources hébergées par des universités américaines.  http://ottawa.ambafrance.org/LINKS/ma.html . Pour éviter toute ambiguïté, le descriptif devrait prendre en compte la langue du site présenté.

L’urfist de Nice héberge une sélection de sites cartographiques dans son " Accès au Web en sciences molles " http://www.unice.fr/UrfistDEH/ : beaucoup ont déjà été présentées ici, comme http://www.lib.utexas.edu/Libs/PCL/Map_collection/world_cities/ . Dans les adresses non encore mentionnées, citons http://alize.ERE.UMontreal.CA/~vervillj/sat1.html

- Le site Internet du laboratoire des sciences sociales de l'ENS Ulm est une autre réussite.

"Le web pour les chercheurs en histoire sociale" recense plus de 300 sites sélectionnés et classés par Philippe Rygiel, avec une mise à jour périodique http://barthes.ens.fr/clio/pointeurs.html

Les entrées retenues concernent les banques de données bibliographiques, les collections consacrées à l'Histoire de la France, la théorie et l'épistémologie des sciences humaines, l'étude des migrations internationales, les nouvelles technologies et les sciences sociales, l'enseignement de l'histoire en secondaire, etc.

L’atelier " Réseaux, savoirs et territoires " est présent sous forme de compte-rendus, ou de documents cartographiques (cartographie électorale des arrondissements parisiens). Et de nombreuses synthèses suggèrent des pistes de recherche : "Représentations et territoires sur Internet", "L'offre faite aux historiens, essai de description des services Web offerts aux professionnels de l'histoire contemporaine" http://barthes.ens.fr/atelier/articles/rygiel-juin-98.html

Une synthèse de 1996 faisait un premier inventaire destiné aux antiquisants http://barthes.ens.fr/atelier/articles/beguin-nov-96.html

- Les cours de géographie physique de Bernard Etlicher en DEUG à l'Université de Saint Etienne (aussi appelée Université Jean Monnet) se trouvent à l'adresse http://www.univ-st-etienne.fr/crenam/donnee/milieunatetli.html

- En Espagne, la version électronique de "l'Atlas de Historia de Aragon" (140 cartes) , publié en 1992 par l’Institucion Fernando el Catolico est accessible sur le Web : http://FyL.unizar.es/Atlas_HA/index.html, et renvoie à des liens en espagnol sur l’Histoire de l’Aragon.

- La prochaine chronique reviendra sur Cliotextes, l’énorme base de textes de Patrice Delpin :
http://hypo.ge-dip.etat.ge.ch/www/cliotexte/index.html, ainsi que sur le remarquable Atlas Transmanche publié en français et en anglais à l'Université de Caen  http://falcone.msh.unicaen.fr/~christof/transmanche/
 
 

RECHERCHES SUR LE WEB

C'est un domaine où les bibliothécaires et les documentalistes universitaires ont fourni un travail considérable.

Un des plus remarquables pour les élèves du secondaire est le site "Chercher pour trouver" hébergé par l'université de Montréal http://tornade.ere.umontreal.ca/~guertinh/secondai/structur.htm . Internet y est judicieusement replacé au milieu des sources de documentation habituelle, et l'ensemble de la démarche qui devrait guider les futurs "travaux personnels encadrés" est prise en compte : définition et délimitation du sujet, recherche et sélection de l'information, mise en forme et présentation écrite ou orale.

Les mutations considérables provoquées par Intenet sont analysées par le site de l'ADBS http://www.adbs.fr/viepro/sinfoint/lardy/toc.htm , par l'article de Ghislaine Chartron sur le CDI virtuel http://ccr.jussieu.fr/urfist/cdi97.htm
 
 

GEOGRAPHIE ET PEDAGOGIE ACTIVE

Dans sa communication à l'UGI (Porto, août 1998) intitulée "Internet : nouvelles perspectives et enjeux pédagogiques pour l'enseignement de la géographie" http://www.ulg.ac.be/geoeco/lmg/internet/itporto.html , Christine Partoune plaide pour une pédagogie active. Elle considère que la création de pages Web, et la production de documents hypermédias devraient favoriser le développement de la pensée complexe. Elle cite des projets interdisciplinaires (SVT, géographie, littérature) autour du Rhin "River Rhine" , ou "les Jeunes Reporters pour l'Environnement". Ces projets s'organisent autour de l'éducation à la citoyenneté. Grâce au réseau, les élèves peuvent "avoir facilement accès a des points de vue controversés, découvrir des aspects insoupçonnés d'une problématique, pratiquer le changement d'échelle". Ils doivent "se confronter en temps réel à un monde évolutif, ouvert, multipolaire". Dans une telle démarche, la réflexion pédagogique prend toujours le pas sur les usages techniques.

L'équipe de Liège a élaboré des séquences pédagogiques , et les soumet aux collègues pour expérimentation dans des classes jusqu'en mai 1999 : par exemple, Amazonia, hyperpaysages, Déracinement, Enracinement… Une des ambitions est d’inciter les jeunes à "prendre conscience de la nécessité d'une solidarité sociale à différentes échelles ", de les aider à apprendre la gestion de l'espace dans une société démocratique. Des enseignants volontaires ont participé à une formation prenant en compte ces objectifs. La synthèse finale est promise pour août 1999. http://www.ulg.ac.be/geoeco/lmg/competences/competen.html
 
 

SITES ACADEMIQUES

Pour le nouveau site académique de Besançon, http://artic.ac-besancon.fr/histoire_geographie/ Michel Antony et ses collègues souhaitent fournir des informations rapides et simples d'accès

Un tableau des adresses académiques indique les thèmes développés (brochure sur " l'Europe " à Dijon, banque d'images pédagogiques -BIPS, http://www.bips.cndp.fr - à Poitiers…) . Une sélection de sites individuels (Ludovic Boyer sur " Humanisme et Renaissance "), un choix de sites associatifs (Télémaque, E.P.I) sont aussi disponibles.

Sous forme de synthèse, un fichier fait le point sur " L’histoire de l'informatique ", un autre présente " les aspects juridiques " de l’utilisation du réseau, à la suite d’un débat amorcé sur la liste Clio/H-Francais (informatique et libertés, problèmes liés à la publication électronique, sécurité et virus…) .

Par la suite, des pages pédagogiques thématiques devraient voir le jour, en cartographie par exemple

Ce travail collectif académique compte s’appuyer sur les cabinets d'histoire - géographie auxquels il est prévu d’attribuer une adresse électronique.
 
 

A Grenoble, la synthèse la plus complète sur les usages pédagogiques a été mise en ligne en janvier dernier par Jean-Pierre Meyniac, et ses collègues Pascal Boyries et Patrick Lucas http://www.ac-grenoble.fr/histoire/Didactique/internet/index2.htm

Ce très riche site associe notices techniques ("Apprentissage rapide de Netscape", "Connaître mieux les formats d'images"…) et fiches d'utilisation pédagogiques ("utiliser internet en hig : une typologie", "Apprendre le paysage en sixième avec des pages Web…). Dans un article pionnier (1997), Pascal Boyries fait l'inventaire des difficultés rencontrées, des infléchissements nécessaires, et dresse un bilan pour les élèves et pour les enseignants : "Internet incite au travail collectif", et "créé de nouveaux types de relations profs - élèves"

L'analyse des sites web d'établissement est particulièrement pertinente : elle repère les points forts (contacts et échanges permis par l'existence d'un site web, implication croissante, volonté de lisibilité, relative qualité graphique) et les points faibles ("on ne sent pas énormément de monde derrière et les non - enseignants n'apparaissent pratiquement jamais " ; répétition des mêmes travers ; les mises à jour sont trop irrégulières ; trop de pages "en travaux"). Au total, là où les responsables ne sont pas trop frileux, cette création peut être le point de départ de nombreuses activités pédagogiques.

Les avantages d’Intranet , le réseau local d’établissement ,sont développés par Jean-Pierre Meyniac et François Tilquin, un professeur de SVT sur le nouveau site des Clionautes http://www.clionautes.org/profs/meyniac/formation/stage-internet/intranet/intranet.htm . Ils décrivent une situation est exceptionnelle : 150 Pentium 200 ; un OP en charge de la maintenance, une formation de 15 h pour chaque élève de seconde…

Le réseau Intranet permet de stocker et de mettre à disposition des élèves un volume documentaire important. Les échanges se font à grande vitesse, et les élèves s'habituent à l'interface du web . La capture de sites web (dans le respect des règles légales) offre d'autres avantages : elle réduit les ennuis techniques liés à la lenteur toujours possible du réseau Internet, elle permet de mieux cadrer le travail proposé aux élèves. L'expérience décrite montre l'équilibre souhaitable entre réseau local et accès au réseau mondial.

Les problèmes décrits tiennent à la difficulté dans la mise en place de l'autonomie, à la motivation très inégale des enseignants.
 

A Nantes, Bernard Albert poursuit l’accompagnement de la mise en place des nouvelles épreuves du baccalauréat. Après avoir comparé barèmes et notations de deux études de documents sur l’industrie américaine, il a proposé la correction de trois croquis sur les Etats-Unis. Il annonce des épreuves complètes de bac blanc venant de trois établissements. http://www.ac-nantes.fr/peda/disc/histgeo/default.htm
 

EPINET

http://www.epi.asso.fr/epinet/

L'association Enseignement Public et Informatique diffuse sur Internet, depuis octobre, une lettre bi-hebdomadaire. Quelques adresses citées par François Jarraud :

Une cartographie thématique des lander : http://www.brandeburg.de/statreg/

Mise en place de Renater 2 : http://www.education.gouv.fr/discours/1999/americanb.htm

Documents pédagogiques à Genève : http://cptic.ge.ch

La version électronique d'un travail de Thierry Hatt et de ses élèves lors du bicentenaire :

http://www.nt.ac-strasbourg.fr/pedagogie/HIST-GEO/r1789/index.htm

Trésors des bibliothèques nationales en Europe (sans la France, semble-t-il) : http://www.ddb.de:80/gabriel/treasures/entrees.html

Rousseau en français de première, avec une carte interactive montrant une partie des déplacements de l'écrivain : http://www.multimania.com/jccau , Les Confessions, " carte interactive des lieux " dans la boite de dialogue à gauche.

Annonce du salon de l’information géographique, le MARI 99, du 27 au 29 avril au Carrousel du Louvre a Paris
 

CROQUIS PAR ORDINATEUR

Ocad, un logiciel diffusé sur le Web intéresse les géographes. C'est un logiciel graphique développé pour la course d'orientation. Une version de démonstration est accessible à l’adresse http://www.ocad.com . Remy Durrens (durrens@mailpeda.ac-bordeaux.fr ) diffuse un cédérom comportant des fonds et des cartes liées au programme de terminale. Dominique Mallaisy propose des fonds de carte sur son site personnel http://perso.wanadoo.fr/dominique.mallaisy/ocad/ocadpage.htm

A l’origine, ce logiciel permet de réaliser des cartes topographiques professionnelles ou de compétition IOF (International Orientation Federation) . C'est en fait un outil professionnel de cartographie (calcul des échelles, calcul des distances, récupération de données DXF, branchement et récupération de coordonnées venant d'un GPS).

Jusqu'ici, l'informatique a surtout favorisé la cartographie statistique. L'offre de logiciels est importante : : Cabral 1500, Microgéo, Wincarto, Carto 2D, Cartes et Données, Logicarte…

La nouvelle épreuve de croquis est plus proche des logiciels de dessin vectoriel comme Corel Draw ou Claris Works. Le logiciel Ocad utilisé par nos collègues permet de créer et d'intégrer de nombreux symboles géographiques, de construire tout type de surface en couleurs ou en trames, de repasser en couleur un contour déjà existant (frontière, fleuve ... ). L’insertion de texte ou de légende est très bien conçue, avec par exemple la possibilité d’associer un texte au tracé d’un littoral ou d’une rivière.

L’ensemble des éléments du croquis peut être " protégé ", ce qui permet des essais graphiques indispensables en pédagogie. Les possibilités de retouche ou de remplacement ne mettent pas en péril les étapes précédemment réalisées par les élèves.

Le paramétrage de l'impression est aussi très efficace, en particulier pour ceux qui souhaitent utiliser des transparents couleur en classe.
 
 

INTERNET AU COLLEGE :

Pour Hervé Bois, en collège , le réseau Internet est avant tout outil important pour stimuler l’activité des élèves.

L’utilisation du réseau n'occupe qu’une très faible partie des heures de cours.

http://perso.club-internet.fr/hbois/

Relevons, parmi les activités qu’il a menées en classe,

1. Recherche de documentation pour réaliser un panneau d’exposition, à partir d’une sélection d’adresses électroniques fournies au préalable.

2. Capture et Etude d’un site gravé sur cédérom.

3. Conception par le professeur de cours interactifs, où l’élève est seul en activité sur sa machine. Dans ce cas, la classe est séparée en deux groupes : un travaille sur des sources papier, un autre utilise la salle informatique.

4. Réalisation par les élèves de sites en relation avec le contenu du programme d’histoire.

Ces activités s’insèrent dans une pédagogie du projet, débordant le plus souvent le cadre disciplinaire. Mais c’est l’occasion de pratiquer le travail de groupe, et d’explorer d’autres manières d'apprendre. Ces activités pluridisciplinaires supposent des modifications dans l’organisation actuelle du travail : elles exigent une concertation importante et régulière, elles consomment plus de temps qu’un simple cours magistral.

Hervé Bois propose, sur le site académique de Nantes, un choix de sites adaptés au niveau du collège ( rubrique coups de cœur, http://www.ac-nantes.fr/peda/disc/histgeo/coucoeur/coucoeur.htm ). Parmi les sites personnels, il utilise le site de Laurent Resse, au Havre http://perso.wanadoo.fr/lr.histgeo/ , celui d’Eric Dromer http://perso.wanadoo.fr/gech pour ses innovations techniques dans l’affichage de la cartographie sur ordinateur, Le site http://home.worldnet.fr/grepeaux/college/Accueil.html s'intéresse aux enjeux de l'individualisation dans l'enseignement.
Il prévoit d’intégrer des ressources mises en ligne par l’Institut du monde arabe dans un cours de 5eme http://www.imarabe.org/perm/mondearabe/theme/ .
 

PARCOURS DIVERSIFIES AU COLLEGE

François Muller (Francois.Muller@ac-paris.fr) a développé un site sur cette démarche http://parcours-diversifies.scola.ac-paris/index.htm

La prise en compte de l’hétérogénéité du public scolaire trouve plusieurs déclinaisons au collège : adaptation, consolidation, petits groupes, études dirigées. Tous ont en commun de partir des difficultés des élèves sur des temps d’enseignements.

Le principe du parcours est de remobiliser l’élève sur le sens de l’activité scolaire, en partant de ses centres et de ses domaines d’intérêt. L’idée de parcours n’est pas nouvelle, mais il s’agit ici de maitriser ce processus en en faisant des moments d’enseignement.

La formation des enseignants concernés s'appuie sur l’analyse des pratiques et sur la mise en réseau d’expériences.

Le site "PARCOURS" a l'ambition de regrouper les expériences, les supports, de mettre en contact les acteurs. Il bénéficie des apports de Philippe PERRENOUD, professeur à l’Université de Genève.
 

QUEBEC

Dans la revue québécoise Clic http://ntic.org/CLIC/CLIC27/Clic27.htm , nos collègues explorent des pistes nouvelles pour l’utilisation de l’ordinateur :

- Martine Chomienne décrit une expérience de formation à distance : 10 cours par Internet sont réservés aux élèves inscrits et à leurs tuteurs. Cette formation est complétée par l’organisation de plusieurs types de forum : discussion sur les concepts, dépannages techniques, forums à fonction sociale destinés à créer un sentiment d'appartenance.

- Pierrre-Julien Guay s’interroge sur les enjeux d’une formation virtuelle à l’échelle industrielle. Il décrit les logiciels qui permettent l’édition " artisanale " de contenus multimedia, en assemblant des éléments déjà développés (logiciel " Training Office "). Mais il rappelle surtout " le rôle essentiel du tuteur ( professeur ? ) qui guide " l’apprenant ", s’assure de sa progression, lui fournit des explications et des ressources complémentaires.
 

CAFES DE GEOGRAPHIE

L'intiative de Gilles Fumey a été imitée à Lyon (premier thème, " L'invention du littoral Invité : Roland Paskoff ").
Les compte-rendus sont publiés sur le site http://www.cafe-geo.com/ , en particulier le débat du 9 mars dernier : "Le métier de professeur de géographie va-t-il disparaître ?"

Le programme du café parisien (le mardi, 18h30 au Café Flower's , 5 rue Soufflot) :

6 avril : "L'automobile, fabricant d'espace géographique", avec Gérard Dupuy

13 avril : "Ecriture et lecture du paysage", avec Jacques Réda

4 mai :"Se perdre, se retrouver" avec Jean-François Staszak

11mai : "Doit-on être contre le patrimoine ?" avec Olivier Lazzarotti

18 mai : "L'espace, le passé, les mémoires" avec François Durand-Dastès
 
 

FETE DE L'INTERNET

Cette manifestation semble avoir suscité un peu moins d'enthousiasme que l'an passé. A ce constat, plusieurs raisons : une association d'internautes mécontents des tarifs pratiqués en France avait appelé au boycott de la fête. La condamnation récente de l'hébergeur Altern.org a soulevé une émotion justifiée. Enfin, l'usage de plus en plus fréquent d'Internet réduit l'attrait de la nouveauté.

Trois exemples :

à l'Ecole Nationale des Télecommunications, Jean Nicolas qui travaille sur les images satellites a laissé en ligne sa sélection http://tsi.enst.fr:80/~nicolas/PORTES_OUVERTES/, et un exemple d’application au Népal : http://www-isis.enst.fr/WWW_PNTS/ATP98/TN5/plan_9809.html

Dans mon lycée, un échange en direct (IRC) avec une école secondaire anglaise, et un établissement suédois a buté sur le filtrage des sites imposé aux lycéens anglais ! L'échange s'est donc déroulé en utilisant le simple courrier électronique .

Linux et les logiciels libres étaient présents dans cette fête : un article du Monde Interactif du 24 mars témoigne de la notoriété croissante de ces solutions alternatives au monopole de Microsoft, solutions qui ne sont pas réservées à quelques étudiants passionnés. http://www.lemonde.fr/nvtechno , ou http://pauillac.inria.fr/~lang/
 
 

Enfin, au salon du livre, un opérateur avait aménagé la classe du XXIeme siècle, avec de vrais livres sur les étagères, et une vingtaine d'ordinateurs. Les livres prenaient visiblement la poussière, les visiteurs étant plus intéressés par la navigation sur le réseau mondial. Cet exemple rappelle le rôle essentiel des enseignants si l'on veut éviter qu'une partie de l'activité intellectuelle ne soit submergée par un " zapping " électronique généralisé.
 

Vaudry, 25 mars 1999.