|
Professeur d'histoire, un métier qui s'apprend... |
.
Yves Modéran, Professeur d’histoire romaine
à l’UFR d’histoire de l’université de Caen
La revue Historiens & Géographes n° 426 a publié - La christianisation de l'empire romain
Sa participation au documentaire
Timgad
et l’Empire romain de S. Tignières, France 5, mars 2008
La bibliographie sur le
site Tabbourt (La porte des Anciens)
« Afrique romaine », dans Encyclopedia
Universalis,
Les Vandales, « le plus délicat
des peuples »
L'Algérie dans l'Antiquité tardive
Articles en ligne : La conversion de Constantin et la christianisation de l’Empire romain (conférence pour la régionale de Caen de l’APHG en juin 2001) : http://aphgcaen.free.fr/conferences/moderan.htm Cairn :
Persée : http://www.persee.fr/
La chronologie de la Vie de saint
Fulgence de Ruspe et ses incidences sur l'histoire de l'Afrique vandale.
Gildon, les Maures et l'Afrique
"Qui montana Gurubi colunt". Corrippe
et le mythe des Maures du cap Bon
source : S. Tignières, Timgad et l’Empire romain 2008 - dailymotion 1 - 2 - 3 http://www.dailymotion.com/video/x92pxg_timgad-rome-africaine-13_tech
L'hommage de l'UFR Yves Modéran, Professeur d’histoire romaine à l’UFR d’histoire de l’université de Caen est décédé brutalement à Paris le jeudi 1er juillet 2010. Il assumait alors les fonctions de vice-président du jury de l’agrégation d’histoire. Ancien étudiant de l’université de Caen, agrégé d’histoire en 1978, d’abord enseignant dans le secondaire, il avait été élève de l’École française de Rome, maître de conférences à Paris X (Nanterre) avant d’être élu professeur à l’UCBN et de rejoindre le centre Michel de Bouärd (CRAHAM) en 1998. Au sein de cette UMR, il avait notamment impulsé des recherches sur l’Afrique romaine et alto-médiévale. Par ses nombreuses publications, des collaborations avec des collègues français et étrangers, plusieurs thèses en cours, des colloques (dont le Xe colloque international d’histoire et d’archéologie de l’Afrique du Nord préhistorique, antique et médiévale tenu à Caen en mai 2009), il s’était imposé comme un chercheur de renommée internationale. Il achevait une synthèse sur le peuple des Vandales ; il travaillait sur les identités ethniques et provinciales, plus particulièrement les Berbères, les identités religieuses jusqu’à la conquête musulmane. Il projetait en outre la réalisation d’un atlas de l’Afrique ancienne. Ses étudiants et collègues s’attacheront à parachever plusieurs des travaux engagés *. Enseignant exceptionnel, il aimait faire partager son savoir avec passion. De l’épigraphie latine à l’histoire du christianisme, en passant par l’exploration de l’Afrique romaine, il captivait son auditoire. Son autorité scientifique avait conduit ARTE à le solliciter pour plusieurs émissions dont le documentaire érudit Apocalypse de Jérôme Prieur et Gérard Mordillat. Son charisme a marqué tous ceux qui ont suivi ses cours ou assisté à ses conférences **, notamment dans le cadre de l’APHG (Association des professeurs d’histoire et de géographie) dont il présidait la régionale de Basse-Normandie. Son investissement dans les tâches administratives
au sein des conseils centraux ou du conseil de l’UFR d’Histoire témoigne
de son profond attachement à l’Université de Caen.
Sa disparition nous bouleverse, collègues,
étudiants et amis. Déjà, il nous manque.
UFR d’Histoire, Université
de Caen
L’hommage lu par Françoise Ruzé : Mon cher Yves, Depuis que tu nous as quittés avec une
brutalité qui ne te caractérisait vraiment pas, je m’interroge
: pourquoi sommes nous si nombreux à nous sentir profondément
malheureux avec l’impression que nous n’en émergerons jamais ? Pourquoi
les éloges que les uns et les autres prononcent n’ont pas ce parfum
de convenu si fréquent en ces circonstances ? Pourtant nous connaissions
bien tes faiblesses, tes lapins ou ta conviction d’être le plus débordé
de travail qui soit, alors même que nous t’enviions en sachant que
Satie, ta femme, se souciait de t’éviter les tâches qui auraient
pris sur ton travail et tes lectures. Mais aujourd’hui, nous aimerions
tant pouvoir encore en plaisanter avec toi.
Tes étudiants ont donné une partie de la réponse, dans le Forum Passion-Histoire entre autres : éblouis par ta capacité à leur transmettre ton intérêt passionné pour tout sujet d’histoire et à rendre intelligible le problème le plus complexe, ils rêvent d’être capables un jour d’enseigner à ta manière. Je cite l’un d’entre eux :
Ils ont aussi perçu la qualité exceptionnelle
de tes travaux de recherches, je cite encore : « Comme chercheur
aussi, il avait une manière d'utiliser les sources, de raisonner
sur des problèmes, de les résoudre avec une facilité
déconcertante, qui nous faisait dire : « mais mon Dieu, c'était
évident ! Comment personne n'y a-t-il songé plus tôt
? » Il va sans dire que cela n'avait que l'apparence de l'évidence
et de la facilité, comme lorsqu'on écoute une mélodie
écrite par un grand compositeur. »
Tu avais hésité entre l’histoire de la seconde guerre mondiale, qui est restée une de tes passions, et l’histoire romaine, mais ta thèse sur les Maures a fait de toi un spécialiste de l’Afrique romaine et le travail que tu as laissé sur les Vandales prolonge ces travaux vers le Moyen Âge ; tu nous en avais donné un avant-goût lors de conférences ou dans de nombreux articles et nous comptons tous sur Claude Briant-Ponsart pour mener à bien sa publication. De nombreux chercheurs d’Afrique du Nord, tout particulièrement des Tunisiens, ont trouvé en toi un ami de leur pays et de son histoire, un maître susceptible de les aider, de les guider avec attention, érudition et intelligence. Mais toutes ces qualités ne suffiraient pas à donner aux étudiants l’impression d’être « orphelins » ni à expliquer la profonde tristesse et le désarroi de tes collègues et amis. « Homme de cœur et de conviction » est-il écrit dans Le Monde dans le message de l’Université. Toujours on pouvait discuter avec toi et être écouté, parce que tu étais d’une profonde gentillesse, mais aussi parce que tu savais apaiser les inquiétudes et même les angoisses des autres, étudiants ou collègues ; à croire que tu les absorbais en toi pour mieux les atténuer, pour les autres mais pas pour toi. Tu n’aimais pas les conflits et tu savais faire ce qu’il fallait pour les surmonter et les désamorcer. Ce qui ne t’empêchait pas de les affronter quand tu sentais que tes convictions étaient en jeu ou que l’Université était menacée, celle que tu aimais, fondée sur la qualité de l’enseignement et la liberté de la recherche ; tu viens d’en donner une preuve dans ton combat apparemment sans succès pour un CAPES qui respecterait la formation historique des futurs enseignants. C’est pour toutes ces raisons que l’on était prêt à te confier des tâches délicates qui supposaient à la fois le respect mutuel, la fermeté dans la poursuite de l’objectif et l’art de la conciliation, sans jamais faire perdre la face à tes contradicteurs – un respect humain que tu avais sans doute appris de Satie. Il y aurait encore beaucoup à dire, mais ce serait sans fin. Nous allons vivre encore longtemps en découvrant sans cesse que c’est fini, tu n’es plus là, nous ne pouvons plus te solliciter ni t’entendre. Combien de fois allons-nous nous dire, en tentant de poursuivre tes combats : « tiens, il faut qu’on en parle à Yves, il va savoir ». Tu auras beau rester très présent, notre chagrin est immense et rejoint celui de ta famille. Françoise Ruzé, Pierre
Sineux, Catherine Bustany et Dominique Toulorge
Ses obsèques ont eu lieu le mercredi 7 juillet
2010, à 15 heures, en l'église de St Germain la Blanche Herbe,
en présence de Michel Cassan.
Il a été inhumé à Caen, au cimetière Saint-Gabriel Plusieurs étudiants lui rendent hommage
sur le forum Passion-Histoire
Les hommages de l'APHG, des Régionales
de Lille, Grenoble, Aix-Marseille ont été transmis à
sa famille.
Caton et Cicéron : «
Vir bonus, dicendi peritus » (Un homme de bien ... qui savait
parler).
DL-2010 - http://clioweb.free.fr |
-